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MARGAUX HENRY-THIEULLENT

« La première fois que j'ai rencontré Margaux Henry-Thieullent dans son atelier à Biarritz, c'était un jour de juillet. La chaleur était suffocante, de ces journées où l'on aimerait se balader les entrailles à l'air dans l'espoir de se rafraîchir quelque peu. Une viscéralité qui s'infuse jusque dans l'atelier où sont accrochés les dessins très grand format de l'artiste dans lesquels des personnages disloqués et parfois monstrueux semblent soutenir notre regard. Prêts à surgir hors du dessin, ils évoluent dans un environnement chaotique d'où émane l'énergie presque physique du trait et des couleurs. Ainsi les dessins qui recouvrent les murs de l'atelier sont autant de fenêtres que Margaux Henry-Thieullent nous invite à traverser afin d'explorer un univers brutal, ardent et convulsif.

 

Artiste pluridisciplinaire diplômée de l'école d'architecture de Paris-Malaquais (ENSA), Margaux Henry-Thieullent vit désormais à Biarritz où elle fonde en 2019 l'atelier et espace d'art intitulé Encore. De l'architecture, sa pratique plastique retient une certaine approche du dessin comme d'un espace physique à conquérir au sein duquel l'artiste déploie des perspectives biscornues qui semblent nous absorber. Cette sensation s'accompagne d'un sentiment de petitesse alors que l'on pénètre à l'intérieur de l'atelier, envahie par un joyeux fourmillement de productions polymorphes, de dessins apposés au sol, accrochés aux murs, imprimés sur des affiches ou cachés dans des carnets. Mais aussi des paysages digitaux, des vidéos, des performances en ligne où le dessin prend vie numériquement. L'artiste réalise ainsi un corpus d'oeuvres interconnectées résultant de la digestion des flux permanents * d'informations auxquels nous sommes soumis via internet et les réseaux sociaux en particulier. Créer apparaît alors chez Margaux comme la nécessité d'exhaler ces pyorrhées dégoulinantes à travers des dessins aussi intenses qu’intuitifs où le mouvement se fait violence. Ce besoin viscéral c'est aussi celui de faire mémoire. En questionnant la construction de notre mémoire collective, elle propose une lecture de la société contemporaine sous forme de strates thématiques. Elle imagine alors de nouveaux récits témoignant de l'assimilation d'informations multiples à la fois sociétales, politiques, scientifiques et même biographiques. »

Texte de Léna Peyrard, commissaire d’exposition

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